Zimbabwe
Un voyage au Zimbabwe ? Quelle drôle d’idée ! Les rares échos sur ce pays d’Afrique australe ne sont pas, loin s’en faut, extraordinaires : une indépendance chèrement acquise au prix du sang, un dictateur vissé à son siège, une nation plongée dans la crise économique… Mais que diable aller faire dans cette galère ?
La popularité grandissante de la Namibie et du Botswana voisins voit pourtant de plus en plus de voyageurs franchir la frontière du Zimbabwe. En ligne de mire : les incontournables chutes Victoria, drapées dans leurs voiles humides éthérés, auxquels s’accrochent tous les arcs-en-ciel de l’univers. Le site est mythique et fascinant, mais il n’est pas le seul.
Plus loin, les vrais aventuriers iront explorer les chaos rocheux du parc national de Matobo, puis les ruines (classées au patrimoine mondial de l’Unesco) du Grand Zimbabwe, capitale d’un puissant royaume entre le 13e et le 14e siècle – exemple unique de cité africaine d’une telle ampleur au sud de l’Équateur.
Quant aux grands parcs nationaux du Zimbabwe, Hwange, Mana Pools, Matusadona, ils abritent les fameux Big Five africains : lion, léopard, éléphant, buffle et rhinocéros. Alors, prêt(e) pour le safari ?
Voir les chutes Victoria plonger dans un bouillonnement d’eau invraisemblable… Gravir les pentes menant à la cité royale de Great Zimbabwe. Photographier les éléphants aux points d’eau du parc Hwange. Compter jusqu’à n’en plus pouvoir les hippopotames du lac Kariba. Gravir les formations rocheuses érodées de Matobo…
Matobo national Park
Classé à l’Unesco, un parc célèbre pour ses rochers follement sculptés par l’érosion, où vivent rhinocéros noirs et blancs.
Bulawayo
Le Train Museum, qui fait remonter le visiteur à l’époque coloniale ; à ses portes, la cité de Khami, inscrite à l’Unesco, qui a succédé historiquement à Great Zimbabwe.
Loisirs
Environ 12 % du territoire national est protégé à des degrés divers. C’est nettement moins que le Botswana voisin (45 %), mais c’est mieux que la plupart des pays européens ! Le Zimbabwe ne compte pas moins de 10 parcs nationaux et une quinzaine de recreational parks (souvent constitués autour d’un plan d’eau), réserves et jardins botaniques. Plusieurs s’intègrent dans deux grands ensembles transfrontaliers protégeant des écosystèmes entiers : le Greater Mapungumbwe Transfrontier Conservation Area au sud, et l’immense (37 572 km²) Great Limpopo Transfrontier Park à l’est.
Si vous consultez le site des parcs nationaux zimbabwéens, ne vous laissez toutefois pas induire en erreur par l’appellation « safari areas » : on ne parle pas ici de safari-voyage, mais de safari-chasse. Tuer un lion dans ces zones avec la bénédiction des autorités coûte 5 000 $ et un éléphant mâle 9 200 $ à 11 000 $ selon sa taille… Pour l’hippo, c’est presque donné : 1 000 $ « seulement ».
Quant au babouin, ça ne vaut rien : 5 $. En fait, en dehors du rhino, quasiment tous les animaux peuvent être chassés – selon un système de quotas.
Zimparks, qui ne reçoit aucun subside gouvernemental, y trouve l’essentiel de ses moyens de subsistance (en plus des entrées). La seule chasse à l’éléphant rapporte 14 millions de dollars par an, mais elle est en déclin depuis que les États-Unis ont interdit le rapatriement des trophées sur leur sol.
Durant l’été 2015, l’abattage à l’arc de Cecil, un grand lion à la crinière noire du parc de Hwange, par un citoyen américain, a été rendu célèbre par le suivi scientifique dont l’animal faisait l’objet. L’événement a fait la une des journaux mondiaux. L’animal avait été appâté en dehors de la zone protégée pour être abattu sur des terres privées limitrophes avec le consentement de leur propriétaire. Les autorités ont finalement annoncé que le chasseur ne serait pas poursuivi, car il avait obtenu un permis en règle et ignorait la provenance de Cecil (pourtant équipé d’un collier émetteur…).
Au-delà de ce cas emblématique, des problèmes autrement plus sérieux se posent sur le long terme. Ces dernières années, des centaines d’éléphants ont été empoisonnés au cyanure (répandu dans des dépôts naturels de sel) autour de Hwange. Une nouvelle forme de braconnage, qui contamine tout l’écosystème, mais pas uniquement. Il semblerait que, récemment, certains rangers aient procédé de même… pour se plaindre de ne pas avoir été payés en temps et en heure par le gouvernement !
Safaris
On peut organiser son voyage soi-même ou passer par un tour-opérateur. Les 4×4 se louent assez cher, ce qui n’encourage pas les voyageurs à petit budget, mais il est possible de trouver en Afrique du Sud des compagnies proposant de bons véhicules à des tarifs abordables qui autorisent de passer la frontière.
Dans les parcs nationaux, la vitesse est limitée et il est strictement interdit de faire du hors-piste – et, bien logiquement, de descendre de voiture. C’est essentiel pour la protection de la nature mais forcément un peu frustrant quand une troupe de lions ou une famille de guépards se laisse à peine deviner à 30 m de là…
Au moins, ceux qui ont leur propre véhicule peuvent-ils décider de rester aussi longtemps qu’ils le souhaitent devant tel ou tel animal. Lors des game drives, les guides des lodges ont souvent la fâcheuse habitude de vouloir enchaîner les observations pour que leurs clients aient « tout » vu… Cela étant dit, la plupart des guides connaissent les animaux et leurs habitudes saisonnières sur le bout des doigts : ils sauront donc mieux les dénicher que vous. Bon, il arrive aussi de tomber sur un guide mou et pas très motivé… Parlez de pourboire réduit et ça s’améliore !